Bienvenue sur le blog d'enrichissement culturel de la collection le miroir du réel.
Vous trouverez ici tous types de contenu répartis en onze thèmes différents qui appèlent et enrichissent
une réflexion sur le réel.

le miroir du réel ?

Nous sommes entrés, sans conteste, dans une ère numérique et dématérialisée, et cependant en tant qu’être 
de chair de sang, nous sommes toujours en contact avec le Réel, qui nous surprend, nous gagne, se rappelle à nous 
de manière plus ou moins violente. Ma démarche consiste à explorer ce rapport au Réel par deux prismes différents : 
la photographie et la poésie. Ces deux arts se définissent eux-mêmes vis-à-vis du Réel comme sa capture 
et son interprétation. De même, chaque humain déforme et interprète le Réel à travers ses sens, sorte de miroir déformant, certes, mais qui rend compte comme il le peut d’un vécu bien tangible.

À l’heure actuelle, le livre papier est le support commun, simple et efficace de mise à disposition immédiate 
et sans intermédiaire d’un texte. Il offre un espace sensible de lecture, instaure une sorte de relation intime et directe entre le texte et le lecteur. Le seul barrage entre le lecteur et le contenu du texte est la page à tourner, un acte 
de présence physique dont nous n’avons plus conscience, pourtant la lecture papier est un engagement de présence 
à tous les sens.

Le livre numérique apparaît comme le support froid et impersonnel de rapidité de lecture et d’accessibilité 
au contenu. Dématérialisé et robotisé, il est un temps de lecture destiné à nos seuls yeux. Il est en quelque sorte 
un organe de lecture hors de nous même. Lisant presque à notre place, il ne nous demande que du temps disponible. 
Il nous contraint à attendre la suite, soit parce que l’auteur ne l’a pas encore écrite (dans le cas d’un blog) soit parce qu’elle n’a pas encore été révélée (dans un livre animé ou par le temps nécessaire au simple affichage de la page.)

Loin des idées reçues de dualité, je perçois le rapport « papier/numérique » comme une complémentarité « espace/temps » riche de promesses.

Aussi, je souhaite intervenir dans « l’acte de lecture » afin d’en déjouer les automatismes et créer ainsi un « espace temps » riche de conscience et de questionnement vis à vis du réel.

À cette fin, j’utilise, pour l’un et l’autre des supports, diverses interventions graphiques. Celles-ci, expressions de mon propre sentiment vis-à-vis des thèmes, sont une incursion dans la lecture même plus que dans le texte ou l’image.

Le livre papier devient alors, un jeu de piste, dont le contenu n’est accessible que par l’interaction de dépliages et de développements. Le livre numérique nous dépossédant de la lecture, affirme sa propre existence, dans le seul but de nous rendre plus présent au contenu même. Dans les deux cas, le lecteur s’accroche au contenu. Il tente de le découvrir et de le toucher dans le papier. Il essaye de le rattraper, de le comprendre et fini par le contempler dans le numérique. Les deux supports sont ainsi parfaitement complémentaires au service du sens.

Cette complémentarité offre au « lecteur/acteur » une poésie globale qui parle à tous les sens sur tous les supports disponibles, en rendant le numérique sensible et le papier insaisissable, afin de convoquer pleinement sa conscience et sa réflexion.

J’ai structuré mon étude autour de différents thèmes qui me sont familiers,
 comme à nombre d’entre nous, et qui me semblent caractéristiques de notre confrontation au Réel. Chaque thème dispose d’un support papier et d’un support numérique ainsi que d’un programme télévisé court, moins 
d’une minute, de type « intermède arte » (sorte de photographie animée accompagnée d’un texte lu) donnant aux téléspectateurs l’envie de découvrir les livres. La collection, quant à elle, dispose d’un blog d’interactions culturelles où les lecteurs pourront trouver d’autres contenus en rapport avec les différents thèmes (essais, peintures, sculptures, etc.) et partager leurs propres expériences.


Voici le détail de ces différents thèmes :

Vers un ailleurs : La Mort

Mes croyances personnelles me poussent à voir la mort comme une transition vers un ailleurs. C’est donc cette dimension que je souhaite traduire. Le photographe qui me semble le plus proche de ma perception est Michael Kenna. Je ressens dans ses clichés, dans ses flous et ses brumes comme un appel vers un monde inconnu, 
pas si lointain, invisible et pourtant à porter de main. De même pour les poèmes, j’ai choisi une approche légère quoique que crue avec l’œuvre de José Ángel Valente, un poète espagnol mystique, décrivant l’invisible, la mort 
par sa clarté.


Comme un long chemin : Le Voyage

Mon intérêt pour le voyage est la métaphore de la vie comme voyage sur terre, l’idée de distance aussi. Dans cette optique j’ai exclu le choix d’un voyage lointain à la destination très précise pour rester dans un certain « flou », 
le voyage pour le voyage, le chemin pour destination. Cette approche se retrouve dans les images de Dominique Martigne et les textes de Roger Bodart qui décrit la vie ainsi : « Cinquante ans à user les routes de la terre ».



Trop près du réel : La Guerre
La guerre, par sa possibilité même, nous interroge sur le réel. Il est important pour moi d’aborder ce thème, ni comme une oeuvre d’art ni comme un reportage sanglant, mais comme un témoignage humain et sensible d’une réalité inimaginable. Qui témoigne mieux de cette humanité entre détresse et espoir que les clichés de Robert Capa ? 
Dans le même esprit j’ai choisi les textes que Léopold Sédar Senghor a écrits en captivité durant la seconde guerre mondiale.

Miracle de couleur : La Couleur
La couleur est un miracle, un don que nous fait la réalité. De plus, la couleur par sa multiplicité nous fait réfléchir sur 
la tolérance; en quoi la couleur d’un vêtement est-elle différente d’une couleur de peaux ? Dans cette idée, 
j’ai choisi les photographies de Steve McCurry autant pour leurs couleurs incroyables que pour leur capacité à nous faire découvrir l’autre et sa beauté. Les textes de Tristan Tzara, extraits de 25 poèmes, soulignent le côté haut en couleur et pluridimensionnel de l’humanité qui se trouve dans les photographies.

Errance et exil : L’Exil

Changer de terre, de patrie, c’est se confronter au réel d’autrui, d’un autre monde. Quitter son réel pour adopter celui d’un autre c’est aussi s’en distancier pour le regarder comme celui d’un autre, c’est voir l’étrangeté dans ce qui nous 
a toujours paru familier et soudain nous parait étranger. Tel est mon ressenti face aux photographies de Josef Koudelka et aux poèmes d’Yvan Blatný.

L’Existence pour seule réponse : La Solitude

C’est sans doute au cœur de la solitude que nous questionnons le plus le réel. Plus aucun être humain auquel confronter mon réel, ne suis-je pas entrain d’inventer tout ce qui m’entoure ? Cette étrangeté et ce doute se retrouvent 
dans les photographies de Gerald Garbez et les textes de Joan Vinyoli.